Face à un métier en crise et au niveau de français des élèves qui baisse, les professeurs sont-ils à la hauteur pour inculquer les fondamentaux ?

Une maman internaute s’indigne sur un forum de discussion et d’actualités sociales Reddit : “Comment faire confiance à quelqu’un qui écrit sans ciller “il à pousser un élève” pour enseigner la grammaire à mes enfants ?”. Cette critique rejoint les conclusions d’une enquête publiée par Le Figaro en décembre 2022 sur les « faiblesses criantes » des futurs professeurs des écoles en maîtrise de la langue française. Alors que les inscriptions au concours de recrutement d’enseignants 2024 viennent de se clôturer, la question du niveau des professeurs de français se pose. Ce constat s’inscrit dans un contexte où la France a encore perdu des places pour arriver en 29e position parmi les pays de l’OCDE en termes de niveau de compréhension écrite des élèves, selon le classement Pisa publié le mardi 5 décembre.

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Les comptes rendus des jurys aux concours du CAPES et CAFEP de lettres classiques et modernes 2022 et 2023 ont également pointé les fragilités des candidats. L’inspecteur général honoraire, Jean-Paul Delahaye, a souligné que les difficultés rencontrées à l’entrée au collège par environ 20 % des élèves, principalement issus des milieux populaires, résultent en grande partie de l’organisation du système scolaire.

Le ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal, a annoncé la mise en place de trois groupes de niveaux pour les collégiens français dès la rentrée prochaine, visant à rehausser le niveau général et à lutter contre l’échec scolaire. Cependant, cette initiative a suscité des critiques sur la responsabilité partagée entre l’école primaire et le collège dans la préparation des élèves. En effet, l’école primaire est décrite comme le parent pauvre du budget de l’Éducation nationale, avec des effectifs chargés, des rythmes scolaires défavorables et des enseignants mal payés et mal formés. De plus, le collège souffre lui aussi de classes surchargées, d’une priorité budgétaire moindre et d’un déficit en termes de différenciation pédagogique.

Certains estiment que la question du collège unique relève davantage d’un enjeu politique que pédagogique, se demandant si la France souhaite réellement donner une culture commune à tous les jeunes pendant la scolarité obligatoire. La fin du collège unique annoncée par Gabriel Attal, avec la mise en place d’un examen du brevet comme condition nécessaire pour entrer en seconde, remet en question la vision initiale du collège unique et son rôle dans la construction du cycle scolaire.

Dans ce débat, l’historien Claude Lelièvre souligne l’importance de préserver l’égalité des chances et la mixité sociale dans le système éducatif, tout en critiquant le manque de préparation des professeurs et le défaut de politique de mixité sociale. Selon lui, le collège unique est un enjeu fondamental qui ne peut être résolu par des solutions d’expédient comme le redoublement ou les groupes de niveau.

Dans l’ensemble, cette question soulève des interrogations fondamentales sur le rôle et la responsabilité des enseignants, ainsi que sur l’organisation du système éducatif dans son ensemble.

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